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MÉTAMORPHOSES D’OVIDE.

VIII. L’Âge d’Or.

L’âge d’or, âge heureux du monde en son enfance[1]
Sans règle et par instinct observa l’innocence ;
Et sans que le pouvoir des consuls ou des rois
Eût gravé sur l’airain la menace des lois,
Sans que le châtiment servît de frein au vice,
Par amour du devoir on suivait la justice.
De crainte et de respect un juge environné,
N’effrayait point le crime à ses pieds prosterné.
L’homme, simple en ses mœurs, simple dans sa droiture,
Pour juge avait son cœur, et pour loi la nature.

  1. On trouve dans les Géorgiques une description épisodique des premiers âges du monde. C’est une esquisse tracée par un grand maître. La peinture d’Ovide est plus détaillée, et devait l’être. Tour-à-tour riante et gracieuse dans l’âge d’or, sombre et mélancolique dans l’âge d’argent, terrible dans l’âge de fer, elle est plus vivante, plus riche, plus variée. J’ai vu néanmoins des maîtres habiles, en comparant ces deux descriptions, préférer la précision de Virgile à la richesse brillante d’Ovide. Ne devaient-ils pas plutôt faire sentir à leurs élèves que ces deux grands poètes avaient traité le même sujet, chacun selon la convenance et le genre de son ouvrage : que le mérite d’un épisode didactique est la brièveté ; mais que dans une galerie poétique de tableaux qui forment chacun un sujet à part, et qui veulent être vus séparément et de près, le mérite essentiel est dans la richesse des détails, et que c’est là sur-tout que le superflu est le nécessaire ?