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LIVRE PREMIER.

Et les hôtes des bois, les poissons, les oiseaux,
Peuplèrent et la terre, et les airs, et les eaux.

VII. L’Homme.

Mais la nature encore attend un nouvel être[1],
Plus noble, plus auguste, un roi digne de l’être.
L’homme naît ; soit qu’un dieu, par un souffle divin,
L’ait animé d’un germe émané de son sein ;
Soit que la terre encor de jeunesse parée,
Des rayons de l’Éther à peine séparée,
Eût imprégné de vie un limon plus parfait ;
Et qu’alors un Titan, , savant fils de Japet,
À l’image des dieux modérateurs du monde,
Eût pétri sous ses doigts cette argile féconde.
Détrempé dans les eaux, le limon sous ses mains
Reçut ainsi les traits du premier des humains :
Et lorsque de l’instinct la brute tributaire
Courbe une tête esclave et regarde la terre ;
Doué de la raison et presque égal aux dieux,
L’homme élève un front noble et regarde les cieux.

  1. Ce que dit Ovide d’un dieu qui débrouille le chaos, et
    de la formation de l’homme, est sublime. Il s’en faut bien
    que Moïse et Hésiode se soient exprimés avec cette sublimité élégante. Voltaire.