Page:Ovide - Métamorphoses, traduction Gros, 1866.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ï PREFACE. coupable depuis la réaction que nous avons signalée comme un dernier caractère et un fait trop peu observé du règne d’Auguste. Quant aux causes, réelles ou supposées, Ovide en donne deux : la première, il la fait connaître ; il garde le silence sur la seconde : Perdiderunt quura me duo crimina, carmen et error, Altéraisfaeli culpa silendamihi est. Quelle fut donc cette erreur d’Ovide et son crime involontaire ? Témoin indiscret et malheureux des débauches impériales, a-l-il, comme on le dit, surpris le secret des incestes ou des adultères d’Auguste ? On l’ignore. Mais le soin même que prend Ovide de rappeler son erreur prouverait que cette erreur n’a rien d’offensant pour l’honneur et la conscience d’Auguste ; en effet, le moyen de croire que, pour se justifier, pour désarmer le courroux d’Auguste, Ovide lui eût si souvent et sous tant de formes rappelé un souvenir qui devait le faire rougir ? On a fait une autre conjecture : Ovide aurait été nonseulement le témoin, mais le complice des débauches de la famille d’Auguste. Amant trop heureux de Julie, qu’il aurait, dit-on, chantée dans les Amours sous le nom de Corinne, il aurait payé de l’exil l’honneur dangereux de ces faveurs impériales. Celte opinion semble, comme la précédente, démentie par les faits. D’abord elle a, contre elle, les objections que nous avons adressées à celle-ci. N’élait-ce pas également blesser Auguste que de lui rappeler son déshonneur dans celui de sa fille ? Et, si le fait était vrai, comment Ovide pouvait-il l’appeler une simple erreur ? Ensuite, quand Ovide fut exilé, Julie, fille d’Auguste, était déjà reléguée sur un rocher. On a donc pensé qu’il s’agissait, non de la première, niais de la seconde Julie, la petite-fille d’Auguste. Ovide, dit-on, aurait été non