Page:Ovide - Métamorphoses, traduction Gros, 1866.djvu/9

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PREFACE. xi le complice, mais le témoin des désordres de cette seconde Julie ; témoin indiscret et qui les aurait publiés ou laissé publier par ses amis et ses domestiques : Quid referam eomitumquenefas, famulosquenocentes, nous dît-il lui-même. Je ne garantis pas cette conjecture, mais j’inclinerais à penser qu’entre le bannissement de Julie et l’exil d’Ovide il y a un rapport difficile à prouver, mais très-probable. On entrevoit en effet, dans les aveux comme dans le silence d’Ovide, une atteinte indiscrète, ou peut-être téméraire, à la majesté impériale ; la comparaison que le poète fait de son erreur avec celle d’Acléon. semble indiquer qu’il y a là une divinité blessée. Mais ce secret d’État ou de famille, cette douleur politique ou domestique, est demeurée impénétrable, comme ces secrets qui irriteront éternellement, sans la satisfaire, la curiosité historique. De nos jours, cependant, un traducteur d’Ovide a cherché à donner de la disgrâce du chantre des Amours une nouvelle explication, ingénieuse, sinon plus solide que les autres conjectures. Suivant ce critique, l’exil d’Ovide aurait eu une cause politique et honorable pour le poète : Ovide aurait été, non l’amant de la première Julie, mais le protecteur de son fils, Agrippa Posthumus, héritier légitime de l’empire, immolé aux soupçons de Tibère et de Livie, et condamné par Auguste à un exil où le fit mourir Tibère. Le poêle, dans un de ces moments d’ennui qui assiégeaient la vieillesse d’Auguste, aurait cherché à ranimer, en faveur d’Agrippa, la tendresse et les remords de l’empereur ; ou peut-être, témoin de quelque scène violente et honteuse entre Tibère, Auguste et Livie, il aurait payé par l’exil cette indiscrétion volontaire ou fortuite. Auguste, en effet, se sentit quelque retour de justice, sinon de tendresse, pour soa