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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

niches fouillées par les plus fins ciseaux. du seizième siècle, des tableaux d’André del Sarto et de Perin del Vaga, qu’envieraient, les musées des rois. Il est vrai, je reconnais ici les traces de bien des époques différentes des chapiteaux sculptés longtemps avant le Christ par quelque ouvrier d’Athènes ou de Corinthe, des colonnes romaines, des ornements imités de la fantaisie orientale, les tributs élégants de la Renaissance et de l’art moderne. Mais cette diversité ne me déplaît pas, j’y vois le christianisme qui a le secret d’employer et de consacrer tout ce qu’il trouve sur la terre ; je vois, dans cette église de tant de siècles, l’image de l’église immortelle qui se bâtit avec les élus de tous les pays et de tous les temps. Les dehors de la cathédrale ont d’autres beautés cinquante-huit colonnes, divisées en cinq étages, le fronton triangulaire et les ailes ornées d’un acrotère élégant et couronnées de statues, une marqueterie de marbres précieux, des mosaïques resplendissantes au-dessus des portes de bronze. Des inscriptions nombreuses, fières, naïves, enchâssées dans l’édifice, rappellent l’époque de sa construction, l’industrie de l’architecte Buschetto, la richesse des dépouilles employées à construire ce temple national ; les croisades des Pisans, la prise de Palerme, la conquête des Baléares et le fils d’un roi musulman emmené à Pise pour y recevoir le baptême.