Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/128

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rait dire si elle s’est élevée de terre, ou si elle y pose seulement, descendue du ciel. Les quatre-vingt-quatre colonnes qui portent ses cinq nefs sont élancées comme les palmiers des jardins éternels. Des anges qu’on croit peints par Ghirlandaio, mais qui vivent assurément, montent et descendent en groupes charmants le long du grand arc du sanctuaire. Au fond de l’abside, entre la Vierge et saint Jean, le Christ est assis dans sa gloire, écrasant sous les pieds de son trône le lion et le dragon. Le fond d’or sur lequel it se détache est comme la lumière qui émane du Verbe divin pour éclairer le ciel et le monde : Ego sum lux mundi Devant cette grande figure, sous le regard de ces yeux impassibles qui vous saisissent dès l’entrée de la cathédrale, on ne peut que tomber à genoux et dire Tu Rex gloriae Christe, - tu Patris sempiternus es Filius...

Les anciens maîtres appelaient cette sorte de représentation une Majesté[1]. Assurément une majesté infinie règne dans l’abside de Pise, comme une grâce inexprimable dans les colonnades, sans parler de la richesse des marbres, des mosaïques du chœur et de la grande nef, des tombeaux et des

  1. Cimabue, pictor Majestatis, pro se et famulo suo, pro diebus 3 quibus laborarunt in dicta opera, ad rationem solid. 10 pro die. Morrona.
    Cimabue, peintre de la Majesté, pour lui et son aide, pour quatre jours pendant lesquels ils ont fait lesdits travaux, à raison de dix sous par jour.