Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/183

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divinités ont toujours aimé à se faire connaître et servir sous les traits fabuleux que l’antiquité leur donna[1]. » Les néoplatoniciens n’étaient pas moins ingénieux à réhabiliter les institutions païennes, les observances qui choquaient la raison, celles même qui outrageaient la nature. Plotin, plus philosophe que théologien, n’avait justifié les superstitions pour ainsi dire qu’en passant. Mais après lui son école, impatiente des lenteurs de la philosophie, voulut entrer en commerce avec les dieux par une voie plus courte, par la théurgie, par les sacrifices, les conjurations, les opérations magiques. Jamblique écrivit un livre pour démontrer la divinité des idoles ; il prit la défense de Vénus et de Priape ; il approuva le culte des images obscènes. L’empereur Julien faisait profession de réformer le paganisme : il pouvait d’un mot en retrancher les monstruosités. Mais il autorisa les mutilations des prêtres de Cybèle ; « car il fallait, disait-il, honorer ainsi la mère des dieux[2]. » Les plus éclairés des hommes en étaient devenus les plus superstitieux. Des savants, nourris de Platon et d’Aristote, consumaient leurs veilles dans l’espoir d’évoquer, d’assujettir à leur volonté les dieux, les démons et les morts. D’autres, réunis autour d’un trépied, couronnés de verveine, interrogeaient le sort pour connaître la fin du prince et le nom de son successeur. La parole de saint Paul s’ac-

  1. Macrobe, In Somnium Scipionis, lib. I, cap. 2.
  2. Jamblique, de Mysteriis, sect. I, cap. 11 ; Jules Simon, Hist. de l’école d’Alexandrie, t. I