Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/233

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d’autorité, n’a-t-elle pas été de provoquer, par un défi, l’élan de la liberté ? et c’est là la grandeur et le spectacle à jamais mémorable que nous offre toute l’histoire romaine, la rigueur du privatus carcer, la vente du débiteur coupé en morceaux (sectio debitoris), le sang de Virginie rejaillissant sur les décemvirs : tout ceci n’était que l’aiguillon de la Providence qui voulait contraindre ce peuple à nous donner l’exemple d’un affranchissement poursuivi pendant huit siècles.

C’est ce qu’on vit, en effet, lorsque la plèbe, faisant effort pour envahir l’enceinte sacrée défendue par le patriciat, lui arracha successivement le connubium, les magistratures, les auspices, enfin les secrets mêmes du droit, quand l’affranchi Flavius déroba à Appius les Actions de la loi dont ce patricien avait rédigé les formules[1].

Ce mouvement, commence sous la république, se perpétue sous l’empire. L’empire ne fermait donc pas, comme on l’a souvent cru à tort, l’histoire de la liberté ; seulement les rôles changent, et, tandis que sous la république nous avons le spectacle de la cité patricienne prise d’assaut par la plèbe, l’empire nous montre toutes les provinces, tout l’Occident assiégeant la cité impériale pour se faire place au foyer du droit et de la justice publique. Leur représentant, c’est précisément l’empereur, souvent étranger lui-même, venu d’Espagne comme Galba ou Trajan, mais toujours re-

  1. Dig., l. I, tit. II, § 7, de Origine juris.