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d’être restaurée par la loi des citations de Valentinien III. Heureusement, et pour l’honneur des temps chrétiens, une législation rivale s’élevait : c’est celle que le code Théodosien allait inaugurer.

Le christianisme avait pénétré de bien bonne heure dans l’Empire : il y arrivait comme une doctrine qui a horreur de la fiction, comme une doctrine de liberté qui ne pouvait pas admettre l’asservissement des consciences, comme une doctrine de charité qui ne pouvait pas laisser subsister jusqu’au bout toutes ces inégalités qui outrageaient la nature. Mais le christianisme ne voulait pas tenter de changer le monde par un bouleversement subit ; il eut cette inspiration de se condamner à vaincre lentement, patiemment ; il veut, comme le Sauveur, détruire l’esclavage en se faisant lui-même esclave, formam servi accipiens.

Tandis que Platon remerciait tous les jours les dieux de l’avoir fait naître homme plutôt que femme, libre plutôt qu’esclave, Grec plutôt que barbare, le christianisme proclamait, par saint Paul, qu’il n’y avait plus ni homme ni femme, ni libre ni esclave, ni Grec ni barbare, mais un seul corps en Jésus-Christ[1], et c’était assez de cette parole pour faire, avec les siècles, le grand changement que Dieu avait médité.

Le christianisme ne devait pas non plus tolérer les prétentions de la souveraineté impériale au domaine des consciences : il professe qu’il faut obéir à Dieu plu-

  1. Epist. ad Cor., VII, 22 ; xii 13 ; ad Rom., I, 14.