Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/310

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gratuite, entretenue des deniers des riches bénéfices de son église et où les grades étaient accessibles à tous ; auprès se multipliaient les colléges et les hospices destinés à recevoir les étudiants nécessiteux et les pèlerins venus de loin ; les legs pieux faits dans ce but étaient encouragés, et nous avons dix ou douze dispositions de saint Louis relatives à la fondation de bourses et de colléges. Les hommes les plus considérables de la chrétienté, des gens comme Albert le Grand et saint Bonaventure, consument leurs veilles et ne croient pas les perdre, en multipliant les abrégés de l’Écriture sainte pour les étudiants pauvres, biblia pauperum ; ils ne craignent pas d’ouvrir trop larges les portes du savoir et de provoquer par une éducation trop libre des vocations impuissantes et dangereuses pour la société. Jamais le christianisme ne connut ces craintes, il fit luire la science, comme Dieu fait luire le soleil sur les bons comme sur les mauvais, laissant toute responsabilité à ceux qui usent mal de la lumière, et ne songeant pas à l’éteindre.

Il s’agit maintenant de savoir quel était l’enseignement donné dans ces écoles dont nous venons de voir l’origine, le nombre et la durée.

Nous trouvons d’abord qu’au cinquième siècle, à l’époque qui nous occupe, l’esprit de l’enseignement est encore profondément païen. Nous en avons la preuve dans l’écrit d’un savant dont j’ai déjà fait connaître un ouvrage : le Commentaire sur le songe de Scipion. Macrobe a écrit aussi, sous le titre de Saturnales une