Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/320

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sous une forme saisissante. Ces trésors de l’antiquité allaient ainsi traverser, sans trop de pertes, un temps orageux, où l’on jetterait beaucoup de choses inutiles hors du navire. Le livre fut fait par Martianus Capella, qui écrivait à Rome vers 470. C’était un vieux rhéteur africain, tout plongé dans les disputes du barreau et qui, comme il le dit lui-même, ne s’était point enrichi à plaider devant le proconsul. Il composa, pour l’instruction de la jeunesse, un livre intitulé : De Nuptiis Mercurii et Philologiæ, des noces de Mercure, dieu de l’éloquence, avec la Philologie, qui était la déesse de la parole ; c’est déjà un titre bien vicieux que celui qui a besoin d’être commenté. Les deux premiers livres racontent, en prose mêlée de vers, et de vers souvent élégants, comment Mercure, voyant que les dieux avaient tous cédé aux lois de l’amour, pensa à faire comme eux. Le dieu va consulter Apollon, qui, aussitôt, rend un oracle et lui désigne pour épouse une vierge dont le regard lisait dans les astres, et qui, malgré les foudres de Jupiter, lui dérobait ses secrets. Jupiter, ayant été averti, rassemble le conseil des dieux, leur annonce qu’une mortelle va être appelée à prendre rang au milieu d’eux et leur demande de rendre un sénatus-consulte pour naturaliser dans le ciel la vierge de la terre. Cependant la vierge Philologie, qui, au fond de sa retraite, ne perd rien de ce qui se passe, a su quelle noble alliance était projetée pour elle, et elle s’exerce, au moyen de procédés et de calculs pythagoriques, à combiner la valeur numérique des lettres de son nom avec celle des