Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/323

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avait voulu y fixer à jamais. Aussi ce livre sera le texte et la base de l’enseignement élémentaire pendant les sixième et septième siècles ; au onzième siècle il sera traduit en langue allemande ; aux neuvième, treizième et quatorzième, il sera commenté par Scot-Érigène, Remy d’Auxerre et Alexandre-Nicaise. En un mot, nous le trouvons faisant la loi à toute l’éducation chrétienne du moyen âge et parquant les générations des esprits dans ces limites du trivium et du quadrivium jusqu’à ce que la renaissance vienne faire éclater ces barrières et donner un champ plus large au génie qui ne veut plus être renfermé et qui aspire à l’infini. Si vous parcourez les catalogues des bibliothèques monastiques de ces temps, et trois surtout, ceux de Bobbio, d’York au temps d’Alcuin, de Saint-Gall à la même époque, vous serez surpris d’y rencontrer, après les premiers poëtes latins Virgile, Horace, Lucain, ces grammairiens et commentateurs qui seraient peut-être bien les derniers des anciens que vous eussiez été tentés de sauver : vous auriez eu tort et nos ancêtres avaient raison.

Ce n’était qu’à cette condition et à force de faire retomber sur leur nature de fer le marteau pesant des grammairiens anciens que des Vandales, des Suèves, des Alains, des Sarmates, pouvaient parvenir à s’assimiler ces connaissances, à se façonner à l’étude d’une langue si peu faite d’abord pour leurs oreilles et leur génie. Ce n’est qu’en répétant sans cesse la même leçon qu’ils l’ont retenue. Sans le travail des commenta-