Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

teurs, qui conservera jusqu’aux derniers vers, jusqu’à la dernière syllabe, jusqu’à la dernière lacune de Virgile, il se serait trouvé des gens qui auraient terminé ces vers inachevés. Ce n’était pas trop de tous ces gardiens vigilants, de ces argus jaloux pour empêcher quelques organes profanes d’y mettre la main et de justifier les soupçons du père Hardouin et de ceux qui lui succéderaient.

Ce travail, repoussant au premier abord, formera vos ancêtres et vous formera vous-mêmes. Poussé ainsi jusqu’aux dernières profondeurs, il deviendra l’effort d’où jaillira le génie ; car, par une admirable loi de Dieu, le génie a été mis au prix de l’effort. Il faut, en effet, de longs siècles et bien des générations se succédant les unes aux autres pour frapper et faire jaillir une fois cette étincelle qui s’éclipsera, pour longtemps ensuite, jusqu’à ce que d’autres générations viennent battre à leur tour ce rocher ingrat du travail et finissent par retrouver une autre pierre qui donnera du feu.

C’est ce qui arrivera : toutes les écoles du moyen âge creuseront dans cette terre où vous croirez les perdre de vue ; mais un jour viendra où sous leurs coups naîtra un jet de lumière vers lequel vous verrez accourir, pour allumer leurs flambeaux, des hommes comme Pétrarque et Dante, qui, quoi qu’on en ait dit, ont précédé et illuminé la renaissance.

Il me resterait à vous montrer comment ce siècle si païen par ses souvenirs, si rempli de traditions mytho-