Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/333

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il l’engage à continuer, à finir ces fables ; mais, lorsqu’il aura représenté ces deux êtres mourants aux pieds l’un de l’autre, qu’il donne carrière à sa verve pour faire entendre les louanges de cet amour vainqueur qui mène les âmes à la lumière, qui les fait vivre et jamais ne les fait périr. Ces conseils semblent empreints d’une sagesse souveraine, et qui peut dire qu’ils ne fussent pas périlleux ? Saint Augustin retourna en Afrique ; Licentius fut attiré à Rome par les honneurs et par les plaisirs ; il y trouva des fêtes et fut bientôt entouré de toute l’aristocratie païenne ; il eut un songe et rêva que les dieux lui apparaissaient, lui promettant, s’il revenait à eux, qu’il serait consul et souverain pontife : ce songe, ces fêtes et la poésie aidant, Licentius redevint païen.

Voilà les irrésolutions de ces âmes de poëtes, de philosophes, de toutes ces âmes littéraires dont le mal éternel est une sorte d’incorrigible faiblesse, une mollesse de cœur qui laisse prise aux séductions, une activité d’esprit qui aperçoit, du même coup d’œil, le fort et le faible des choses, et qui se trouve en même temps incapable de se décider, de choisir, par l’excès de savoir ; belles intelligences servies par des volontés faibles ! Que nous en connaissons de ces âmes irrésolues qui n’ont pas le courage de la foi !

De là les efforts de saint Paulin écrivant à Jovius pour l’engager à devenir chrétien et pour résoudre ses doutes. « Tu respires les parfums de tous les poëtes, tu portes dans ton sein tous les fleuves d’éloquence des orateurs, tu t’es baigné à toutes les fontaines de la