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moyen âge ; il fut rangé au nombre des prophètes, et par là ses œuvres furent respectées davantage. Une tradition nous rapporte que saint Paul, ce fier contempteur des sciences profanes, étant venu à Naples, alla visiter le tombeau de Virgile, et qu’ayant ouvert le livre des églogues et lu la quatrième, il se prit à pleurer. Le souvenir de cette tradition était conservé dans une séquence chantée longtemps à la cathédrale de Mantoue, et qui rappelait cette légende en termes charmants :

Ad Maronis mausoleum
Ductus, fudit super eum
Piæ rorem lacrymæ :

Quem te, inquit, reddidissem,
Si te vivum invenissem,
Poetarum maxime.

La tradition populaire voulut elle-même ajouter quelque chose à cette légende plus ancienne, et longtemps le pâtre qui faisait voir aux voyageurs le tombeau du poëte montrait tout auprès une petite chapelle : c’était, disait-il, celle où Virgile entendait la messe !

Ainsi toute la civilisation païenne ne périt pas et ne devait pas périr : une partie devait se conserver par le christianisme, une autre partie malgré lui, tant il fallait que cette civilisation, que nous avons vue d’abord atteinte d’une maladie mortelle, se continuât pour l’éducation des races suivantes ! Nous aurions facilement cru que la science païenne périrait et que le christianisme se conserverait seul ; non, la civilisation païenne