Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/371

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ment des siècles, avait, selon le christianisme, parlé de deux sortes de vérités : 1o d’un ordre de vérités que la raison seule ne pouvait pas atteindre ; car la vérité religieuse n’exprime autre chose que les rapports du fini et de l’infini, et l’un de ces éléments, l’infini, étant en dehors des forces et de la portée de la raison humaine, il en résulte qu’une partie de ces vérités religieuses sont de leur nature inaccessibles : pour celles-là la révélation était nécessaire ; elle ne pouvait être ni suppléée ni développée par les efforts ultérieurs de l’esprit humain. 2o La révélation embrassait aussi ces autres vérités de la nature, auxquelles la raison humaine pouvait parvenir ; le christianisme reconnaissait qu’elle y était parvenue par la science, quand saint Paul avouait que les anciens avaient connu Dieu, mais qu’ils avaient manqué de courage pour le glorifier ; ces vérités qu’un petit nombre seulement avait pu connaître, mélangées d’obscurités, de doutes et d’erreurs ; ces vérités, qui avaient coûté au genre humain plus de trois mille ans de peine et d’égarements avant d’arriver à se produire par le génie de Platon et d’Aristote, qui même ne s’étaient produites qu’entourées d’erreurs et de faux principes, la révélation les établissait par une voie sûre, courte et, par-dessus tout, souverainement populaire, et, au lieu de les livrer à un petit nombre, elle les rendit propriété de chacun et de tous.

Jamais un appel aussi fort n’avait été fait à cette puissance intérieure de l’esprit humain que celui qui lui fut adressé du haut du Calvaire ; et, lorsque cette