Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/378

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main, il ordonna qu’on dressât trois lits dans le temple de Minerve et qu’on y déposât, en même temps, l’idole du soleil, divinité de l’Asie ; l’idole d’Astarté, la Vénus d’Afrique, et l’idole de Pallas, divinité de l’Europe et de l’Occident. Ainsi, dans ces noces, qu’il voulait solenniser entre les divinités des trois parties du monde, Héliogabale exprimait, avec une vérité singulière, l’esprit qui tourmentait son temps, ce besoin du paganisme de réunir toutes ses forces pour résister à l’ennemi qu’il avait essayé d’étouffer dans les supplices, et que maintenant il allait tenter de vaincre d’une manière nouvelle. Si cette tendance se manifestait ainsi à Rome, que ne devait-elle pas être à Alexandrie, cette ville où se pressaient, dans des rues de deux lieues de long, au milieu des riches et admirables colonnades bâties par le génie des Ptolémées, les Romains, les Grecs, les Égyptiens et tous ces navigateurs qui venaient de l’Orient, traversaient la mer Rouge, et, descendant le Nil, arrivaient dans ce grand marché du monde ? Là régnèrent toutes les doctrines philosophiques grecques, régénérées par les hommes savants du Musée, Callimaque, Lycophron et tous ceux qui recherchent les origines de ces fables que les hommes avaient énervées en les ornant. Ces souvenirs de la Chaldée, de la Perse, ces traditions de Zoroastre, et plus naturellement les traditions de la vieille Égypte, cette multitude de philosophies, de productions apocryphes, qui remplissent les premiers siècles de la science alexandrine, témoignent, quoique apocryphes,