Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/377

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manières : par la persécution et par les écoles théologiques d’Alexandrie. Ces deux dangers, qui s’emparent d’abord de l’attention de l’historien, sont cependant les deux moindres : la persécution multipliait les croyants, et les apologies des Alexandrins ne remplissaient pas le bercail du paganisme déserté. Mais, au moment où il semble que le paganisme, vaincu de toutes parts, impuissant à se défendre, va périr, il est sur le point de se sauver, ou du moins d’entraîner ses adversaires avec lui en se faisant chrétien. Quelque exorbitante que puisse paraître cette expression, je ne cherche pas une vaine alliance de mots ; je la maintiens, et vous y reconnaîtrez une vérité historique. En effet, l’époque où nous nous sommes placés est celle d’un syncrétisme général ; toutes les doctrines, toutes les erreurs et quelques vérités y font effort pour se confondre ensemble et former un seul et large faisceau. Et cela est si vrai, que ce monde romain, longtemps renfermé dans son orgueil, qui avait tant méprisé les peuples vaincus, s’en alla chercher à deux genoux, l’un après l’autre, tous les dieux de l’Orient pour les mettre dans ses temples. Nous avons vu ainsi venir Cybèle de Phrygie, Osiris et Sérapis de l’Égypte, Mithra de la Perse ; et, lorsque Héliogabale, cet insensé dont la folie est d’une source plus mystérieuse qu’on ne l’a cru, cet homme qui était possédé du fanatisme de l’idolâtrie, ce jeune prêtre du dieu syrien Élagabale, qui n’était autre que le soleil, transporté tout à coup sur le trône des Césars, voulut célébrer ses propres fiançailles avec l’empire ro-