Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/409

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nouveau, l’unité de Dieu avec le Christ considéré comme prophète, et c’est là la forme nouvelle sous laquelle cette hérésie reparaîtra pour envelopper l’Orient et l’Occident jusqu’à ce qu’elle recule devant ce petit royaume des Francs que les évêques, que la théologie avaient fondé, devant ce roi théologien qui s’appelait Charlemagne, devant ce siècle qui laisse une empreinte si profonde dans la chrétienté tout entière.

Le manichéisme n’a pas non plus disparu sans retour : refoulé par la parole puissante de saint Augustin, il s’est rejeté sur les confins de l’empire d’Orient et de la Perse, dans les montagnes de l’Arménie. C’est là que, au neuvième siècle, Petrus Siculus, évêque sicilien, envoyé par les empereurs grecs, découvrira une secte puissante qui a toute une hiérarchie, une véritable organisation, et qui cherche à se propager, sous le nom de Bogomiles ou Pauliciens, dans la Bulgarie. C’est encore le manichéisme qui, au onzième siècle, reparaîtra en France, en Italie, en Allemagne, dans les erreurs des Cathares, Patarins et Albigeois, et qui, enveloppant tout à coup, comme d’un filet, la plus grande partie de la chrétienté méridionale, suscitera les plus grands périls à la civilisation catholique. Au bruit de ces hérésies qui niaient le Dieu des chrétiens, qui attaquaient le principe de la propriété et de la famille, tous les éléments, en quelque sorte, de la société chrétienne, l’Europe s’émut et la chevalerie mit la main sur la garde de son épée : nous savons les excès à jamais regrettables de ces croisades albigeoises dont il faut dé-