Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/426

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trouve, en effet, tous les caractères du mysticisme : d’abord l’ascétisme, l’effort pour se faire une méthode non pas logique, mais morale, l’effort pour se purifier, se rendre digne, capable d’atteindre Dieu, et toute cette longue lutte contre les passions n’a pas d’autre but ; j’y trouve ensuite le soin d’épurer l’intelligence en en bannissant toutes les erreurs qui s’y sont glissées, les erreurs des païens et des manichéens comme celles des néo-platoniciens ; j’y trouve enfin les derniers élans du cœur désormais libre dans son aspiration vers Dieu, qui peut communiquer avec lui, entrer en union avec lui. Ce sont là les trois degrés, les trois phases par lesquelles les grands mystiques feront passer l’âme dont ils ont entrepris la conduite : la vie purgative, la vie illuminative et la vie unitive. En même temps, j’y vois une autre force : l’âme n’est pas livrée à elle-même comme quand il s’agit de conduire la raison ; car l’amour ne veut pas être seul, mais entouré ; la philosophie de l’amour ne peut pas marcher seule, mais accompagnée. Augustin est accompagné de sa mère, ange gardien de ses convictions, un des éléments vivants et nécessaires, et l’âme, en quelque sorte, de toute cette philosophie aimante et illuminante ; c’est sa mère qui le conduit et l’accompagne depuis les ténèbres de sa jeunesse jusqu’aux splendeurs de sa maturité ; ce sont ses amis si avides de sa présence, c’est saint Ambroise, c’est l’Église universelle, qui l’ont conduit et entraîné jusqu’aux pieds de la vérité.

Cette méthode ne condamne pas l’homme à un isole-