Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/54

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quand les accusations du dix-huitième siècle sont tombées dans l’oubli, que la faveur publique est revenue au moyen âge, qu’elle s’est portée jusqu’à l’excès. Mais, d’une part, il faut peu se confier aux brusques retours de la faveur : elle aime comme les vagues à quitter les rivages qu’elle caresse, et, en suivant de près le mouvement des esprits, on peut déjà reconnaître que plusieurs commencent à s’éloigner des âges chrétiens dont ils admirent le génie, mais dont ils ne supportent pas l’austérité. Il y a au fond de la nature humaine un paganisme impérissable qui se réveille à tous les siècles, qui n’est pas mort dans le nôtre, qui retourne toujours volontiers aux philosophies païennes, aux lois païennes, aux arts païens, parce qu’il y trouve ses rêves réalisés et ses instincts satisfaits. La thèse de Gibbon est encore celle de la moitié de l’Allemagne, elle est celle de toutes les écoles sensualistes qui accusent le christianisme d’avoir étouffé le développement légitime de l’humanité en opprimant la chair, en ajournant à la vie future le bonheur qu’il fallait découvrir ici-bas, en détruisant ce monde enchanté où la Grèce avait divinisé la force, la richesse et le plaisir, pour lui substituer un monde triste, où l’humilité, la pauvreté, la chasteté, veil-