Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/55

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lent au pied d’une croix. D’une autre part, l’excès même de l’admiration qui s’est attachée au moyen âge a ses dangers. On finira par soulever de bons esprits contre une époque dont on veut justifier les torts. Le christianisme paraîtra responsable de tous les désordres dans un âge où on le représente maître de tous les cœurs. Il faut savoir louer la majesté des cathédrales et l’héroïsme des croisades, sans absoudre les horreurs d’une guerre éternelle, la dureté des institutions féodales, le scandale de ces rois toujours en lutte avec le saint-siége pour leurs divorces et leurs simonies. Il faut voir le mal, le voir tel qu’il fut, c’est-à-dire formidable, précisément afin de mieux connaître les services de l’Église, dont la gloire, dans ces siècles mal étudiés, n’est pas d’avoir régné, mais d’avoir combattu. Ainsi j’aborde mon sujet avec horreur pour la barbarie, avec respect pour tout ce qu’il y avait de légitime dans l’héritage de la civilisation ancienne. J’admire la sagesse de l’Église, qui ne répudia pas l’héritage, qui le conserva par le travail, le purifia par la sainteté, le féconda par le génie, et qui l’a fait passer dans nos mains pour qu’il s’y accroisse. Car, si je reconnais la décadence du monde antique sous la loi du péché, je crois au progrès des temps