Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/147

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que nous formions est donc accompli : vous êtes le premier écho qui ait répondu à notre faible voix ; d’autres s’élèveront bientôt, peut-être alors le plus grand mérite de notre petite société parisienne sera d’avoir donné l’idée d’en former de pareilles. Il suffit d’un fil pour commencer une toile ; souvent une pierre jetée dans les eaux devient la base d’une grande île.

Je crois donc que vous avez pris tout ce qu’il y avait de bon parmi nous, en y prenant une idée charitable, qui était déjà sans doute dans votre âme, mais qui n’avait pas encore d’expression dans une pareille œuvre, il faut s’abandonner beaucoup plus à l’inspiration du cœur qu’aux calculs de l’esprit. La Providence vous donne elle-même ses conseils par les circonstances dont elle nous environne, par les pensées qu’elle nous envoie. Je crois que vous ferez bien de les suivre librement, et de ne vous guère charger de règlements et de formules. D’ailleurs, le but que nous nous proposons à Paris n’est pas absolument le même que celui que vous vous proposez, je pense, en province. A Paris, nous sommes des oiseaux de passage, éloignés pour un temps du nid paternel, et sur lesquels l’incrédulité, ce vautour de la pensée, plane pour en faire sa proie. Nous sommes de pauvres jeunes intelligences, nourries, au giron du catholicisme et disséminées au milieu d’une foule inepte et sensuelle ; nous sommes des fils de mères chrétiennes, arri-