Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/153

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on te reverra, et lorsqu’une de tes lettres arrive à quelqu’un d’entre nous, on le courtise pour en avoir sa part.

Tu regrettes, dis-tu, les conférences de M. Lacordaire Eh bien, mon ami, console-toi, nous ne l’entendons pas non plus. C’est une grande douleur à nous qui avions besoin du pain de la parole, qui nous étions accoutumés à cette nourriture excellente et forte, d’en être privés tout à coup, sans que rien la remplace.

Ce nous est un chagrin plus grand encore de voir ceux de nos frères égarés, qui, à cette voix puissante, avaient repris le chemin de la vérité, s’en retourner à leurs erreurs, secouant la tête et levant les épaules. Peut-être le Ciel veut-il ce silence, cette humiliation des catholiques comme un sacrifice de plus, peut-être avions-nous trop tôt levé le front. Nous mettions notre orgueil dans la parole d’un homme et Dieu met la main sur la bouche de cet homme afin que nous apprenions à être chrétiens sans lui, afin que nous sachions nous passer de tout, hormis de la foi et de la vertu.[1]

Une légère compensation de ces trésors d’éloquence religieuse que nous prodiguait M. Lacordaire m’a été offerte ces derniers jours : j’ai entendu

  1. Cette crainte ne devait pas se réaliser. Monseigneur de Quélen venait d’offrir soudainement la chaire de Notre-Dame à l’abbé Lacordaire, qui devait y monter le 8 mars.