Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/154

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M. de Lamartine à la Chambre. Qu’il était grand et beau ce jour-là ! que son discours était plein de gravité, d’éclat et d’harmonie ! qu’il était loin de ce vague et de ces théories vaporeuses qu’on lui a reprochées ! Il était simple, il était logicien, il était généreux, il était plus, il était charitable. Lui seul représentait la pensée chrétienne dans cette discussion. Puisses-tu avoir des compagnons qui te rendent agréables tes deux années de Metz ! Tu saurais bien, toi, te les rendre utiles. Tu auras, j’espère, plus de loisirs qu’à l’École polytechnique ; tu pourras revoir de temps à autre tes bons et anciens amis, les livres d’histoire et de littérature. Puis, quand tu auras secoué la dernière poussière des bancs, quand tu n’auras plus d’autre servitude que la servitude brillante de l’uniforme, alors tu seras bien heureux, maître de ton temps, délivré du soin de l’existence matérielle, occupant un rang honorable dans la société, tu n’auras plus à t’occuper que d’œuvres intellectuelles et morales. J’envie bien ton sort sous ce point de vue ; moi pauvre diable qui, en attendant que la fortune vienne, serai attaché à la glèbe judiciaire du matin au soir, sauf à lire de temps à autre le chapitre de Sénèque sur le mépris des richesses. Maintenant j’étudie d’une manière assez sérieuse l’hébreu et le sanscrit ; mais que fera au client, s’il te plaît, que son avocat sache