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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/216

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émane l’amour chaste et vertueux des créatures. Le second commandement est pareil au premier. C’est pourquoi les religieux contemplatifs eux-mêmes, tout exilés qu’ils sont de nos sociétés bruyantes, ne se croient point seuls. De la méditation paisible de leur cellule ils sortent pour prier, et, quand ils prient, ils prient pour tous, ils répètent les prières que nous répétons ici ; ils ne disent point à Dieu Mon Père, ils lui disent : Notre Père.- La poésie doit faire de même. Au milieu des orgies païennes auxquelles elle s’était abandonnée, un rayon d’en haut l’a frappée, elle a rougi, elle s’est retirée pour gémir au désert. Vous avez entendu, dans les Méditations et dans les Harmonies, ses mélodieuses douleurs. Mais dans cet isolement elle s’est complu en elle-même, elle a ou pouvoir communiquer avec Dieu sans interprète et sans voile ; elle est devenue individuelle, rationaliste, et nous l’avons vue avec chagrin s’arrêter à moitié chemin sur la voie de la vérité. Il faut cependant qu’elle se remette en marche, que quelqu’un la prenne par la main, qu’il la ramène dans la société des hommes, dans la société des croyants, qu’au baptême qui la fit chrétienne se joigne la communion sainte qui la fasse catholique, et que, s’appuyant sur la Religion, elle s’avance à la tête des générations nouvelles et les guide par ses chants vers une glorieuse éternité. Je ne sais trop ce que je vous écris, car j’ai la