Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/29

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Noirot pour Ozanam.et la nombreuse jeunesse qui reçut son enseignement, et ce qu’il est pour celle qui le reçoit encore aujourd’hui ; qu’il nous suffise de citer ce qu’en ont écrit les deux plus illustres biographes d’Ozanam. M. Ampère s’exprime ainsi : « Tous ceux qui ont étudie sous M. l’abbé Noirot s’accordent à reconnaître dans ce maitre chéri un don particulier pour diriger et développer chacun dans sa vocation. M. Noirot procédait avec les jeunes gens par la méthode socratique. Lorsqu’il voyait arriver dans sa classe de philosophie un rhétoricien bouffi de ses succès, et aussi plein de son importance que pouvait l’être Eutydome ou Gorgias, le Socrate chrétien commençait par amener, lui aussi, son jeune rhéteur à convenir qu’il ne savait rien puis, quand il l’avait, pour son bien, écrasé sous sa faiblesse, il le relevait en cherchant avec lui et en lui montrant ce qu’il pouvait faire. L’influence que ce maître habile exerça sur le jeune Ozanam décida de toute la direction de ses pensées. »[1]

« Son professeur de philosophie, dit le R. P. Lacordaire, aimait à le prendre pour compagnon de ses promenades dans les sentiers solitaires et escarpés qui entourent Lyon de toutes parts, et rendent cette ville si chère aux esprits touchés d’un peu de mélancolie méditative. Pourquoi ne nommerais-je pas le maître qui conviait ainsi à sa familiarité un obscur adolescent ? Pourquoi ne rappellerais-je pas ces amitiés et ces conversations fameuses qui, au temps de Socrate, rassemblaient à une école volontaire l'élite de la société athénienne ? Il est vrai, tant de gloire n’a pas consacré le souvenir qui me préoccupe mais, si la gloire n’y était pas, la vérité s’y trouvait, telle que Socrate et Platon ne la connurent jamais. Pendant vingt ans, à une époque où la philosophie chrétienne avait si peu d’organes, un homme modeste et qui n’a rien écrit, M. l’abbé Noirot, conduisait dans les chemins sérieux de la raison une foule de jeunes esprits dont Ozanam a été

  1. J.-J : Ampère, Notice biographique, Journal des Débats, 9 et 12 octobre 1853.