Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/363

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dernières espérances, et qui, vous le dirai-je ? semblait vouloir déshonorer le sacrifice avant de le consommer, en éteignant les facultés intellectuelles, en émoussant les sentiments moraux; cette pensée était horrible, mais elle m’assaillait toujours, je croyais voir mourir l’âme en même temps que le corps! Heureusement l’épreuve fut abrégée aux derniers moments l’énergie intérieure s’est ranimée, et le Christ, en descendant pour la dernière fois dans le cœur de sa bien-aimée servante, y laissa la force des suprêmes combats.

Elle demeura, trois jours à peu près, calme, sereine, murmurant des prières, ou répondant par quelques mots d’ineffable bonté maternelle à nos caresses et à nos soins. Enfin vint la nuit fatale c’était moi qui veillais je suggérais en pleurant à cette pauvre mère les actes de foi, d’espérance et de charité, qu’elle m’avait fait bégayer autrefois tout petit. Vers une heure, de nouveaux symptômes m’effrayèrent j’appelai mon frère amé, qui reposait dans la chambre voisine. Charles nous entendit, et se leva les domestiques accoururent. Nous nous agenouillâmes autour du lit; Alphonse fit les déchirantes prières, auxquelles nous répliquions avec des sanglots. Tous les secours que la religion réserve pour cette heure solennelle, l’absolution, les indulgences, furent encore une fois appliqués. Le souvenir d’une vie immaculée, les bonnes œuvres qui, trop multipliées et trop fatigantes, en avaient