Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/404

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perçois que je touche à la dernière page sans t’avoir rien dit de nos amis de Lyon, sans t’avoir parlé de toi-même. Rien de remarquable n’est survenu dans le petit cercle de nos anciens camarades et l’exemple matrimonial de reste encore sans imitateurs. Tu sais probablement que le grand tableau de Janmot a réussi et lui a valu une assez flatteuse commande du gouvernement. Il est chargé d’un essai de peinture sur lave pour la décoration extérieure des façades d’église et ses premières tentatives lui font espérer un succès satisfaisant. Ce que tu me dis des mœurs franc-comtoises ne m’étonne point. Les habitants de cette province furent toujours recommandés par leur moralité et leur religion. Quant à l’instruction, il serait difficile qu’il ne s’en trouvât pas autant qu’ici. Si la pensée des amis absents qui te gardent fidélité, si l’union de cœur avec ceux qui, rapprochés par l’âge, le passé, les sentiments, les croyances, ne sont éloignés de toi que par la seule distance,des lieux ; si ces douces images d’une fraternelle et chrétienne affection peuvent animer et distraire quelquefois ton isolement, livre-toi sans hésiter à ces bonnes pensées, elles ne seront point des illusions, car il est bien vrai que dans nos souvenirs, dans nos entretiens, nous sommes souvent avec toi, nous te demandons la même place dans ta mémoire et aussi dans tes prières.

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