Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/420

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Il y a enfin Saint-Cunibert, les Saints-Apôtres, Saint-Martin, Saint-Séverin, et d’autres encore que je ne voudrais pas n’avoir pas vus, mais que surtout je voudrais revoir. Car, et vous vous en apercevez à ces interminables descriptions, moi aussi, elles m’ont captivé, retenu, et venant à bout de la froideur qui trop souvent me gagne au pied des autels, elles m’ont charmé tout le jour. En sorte que je pouvais dire alors comme David, quoique en un sens moins parfait «  Quam dilecta tabernacula, Domine virtutum ? »

Non, mon ami, ce n’est pas sans raison que nos pères l’avaient voulu ; la maison de Dieu devait être aimée des hommes le lieu qui devait être saint, il fallait aussi qu’il fût beau. L’admiration est un sentiment éminemment moral ; il élève, épure et prépare. Le vandalisme et le jansénisme nous ont fait un culte pauvre et nu, une piété morose. lis ont effacé, comme des scandales, les images où s’arrêtaient les regards de l’enfance, étouffé la musique puissante qui enlevait l’esprit des jeunes gens, détruit ce demi-jour qui était doux à la paupière des vieillards. Sous prétexte d’insalubrité publique, ils ont banni les morts de l’enceinte sacrée ; par mesure d’ordre, ils ont placé aux portes des mercenaires qui rudoient les pauvres ; ils ont anéanti ces solennités populaires, ces représentations pieuses, ces processions triomphales où la foule accourait joyeuse. Eh prétendant chasser les ven-