Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/424

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Le château de Rheinstein, le plus redoutable asile de ces barons spoliateurs qui infestaient le Rhin et rançonnaient ses marchands, devenu plus tard le point commun vers lequel se dirigèrent les attaques des communes rhénanes coalisées, origine de la ligue hanséatique. Les ruines du monastère où sainte Hildegarde écrivit ses visions, les chapelles fondées par sainte Hélène, le pont de Drusus, le sol où pour la première fois fut plantée l’aigle romaine, et ceux aussi où durant quinze ans régna la nôtre, le champ de bataille de nos exploits d’hier et de demain peut-être ; et la Germanie de Tacite et de César.

Dans tout cet espace le fleuve coule sous un ciel catholique les saints patrons des navigateurs, saint Pierre, saint Nicolas, la bienheureuse Marie, ont leurs images sur ses bords ; trois fois le jour, la cloche de l’Angélus rappelle au voyageur qu’il n’est pas seul; la croix couronne les plus hautes crêtes des monts voisins et rien ne rappellerait les ravages du rationalisme moderne, sans les couvents sécularisés qu’on rencontre, et sur le frontispice desquels l’ignoble enseigne d’une auberge a remplacé le signe sacré du salut. Il est surtout un espace d’environ six lieues où les sinuosités des eaux semblent former plusieurs lacs successifs au milieu des rochers arrondis en bassin ; là, le moyen âge se retrouve tout entier et tout debout dans une série de châteaux, de chapelles, et de petites villes ad-