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LXXVIII
À M. ET Mme SOULACROIX.
Rome, 15 novembre 1941.

Mes chers parents,

La lettre d’Amélie ne partira pas sans que je m’associe aux sentiments qu’elle vous exprime. Regrets d’abord pour les inquiétudes que vous a dû causer notre involontaire silence ; et malgré que nous eussions longuement écrit de Messine, la lenteur et l’irrégularité des courriers vous ont laissé dans l’ignorance de notre course aventureuse. Relégués pendant trois semaines à l’une des extrémités de l’Europe, loin de toute communication régulière avec le monde civilisé, nous avons bien eu, nous aussi, nos anxiétés et nos peines ; l’une des plus vives était de ne pouvoir écrire, et nous avons su quelle terrible chose c’est que d’habiter une île. Depuis qu’on a dû repêcher le roi et la reine de Naples dans le golfe, nous jurons bien comme le bon Sancho de ne plus visiter que des îles de terre ferme.