Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/466

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des relations, et déjà nous sommes accablés de bontés, de prévenances. Si le devoir d’être a mon poste nous empêche de répondre à tant d’avances aussi douces que respectables, au moins emportons-nous des souvenirs qui nous consolent, et suffiraient à eux seuls pour honorer et charmer la vie. Nous n’oublierons jamais l’heure solennelle où le souverain Pontife, après nous avoir fait asseoir et longuement causé avec Amélie et moi, étendit, ses mains vénérées et bénit avec nous notre famille absente. Nous nous rappellerons aussi le patriarcal accueil du cardinal Paeca dont le front octogénaire a essuyé sans jamais fléchir toutes les tempêtes politiques et religieuses des derniers temps. Nous avons vu et entendu le cardinal Mezzofante dont les anciens auraient fait un Dieu, et dont Dieu fera sans doute un saint. Mais surtout ce n’est pas impunément qu’on s’agenouille aux tombeaux des Saints-Apôtres, et qu’on prie a deux devant, la simple dalle qui couvre les restes de saint Pierre ce n’est pas en vain qu’on descend aux catacombes et qu’on descend pour ainsi dire dans les entrailles de Rome catholique. Ce que le voyage de Sicile était pour l’antiquité, le séjour de Rome l’est encore davantage pour l’intelligence du christianisme. Je sens une nouvelle vie circuler dans ma pensée, et mes idées, un peu épuisées par un épanchement précoce, se ranimer et s’étendre...

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