ici. Vous voyez qu’aujourd’hui je suis optimiste dans ma dernière lettre, le souci m’avait rendu pessimiste et tout me paraissait mal. Maintenant que les affaires de Lyon sont calmes, que j’ai une société, une chambre à ma fantaisie, et devant moi l’espérance d’avoir des livres, du feu et de l’argent, que me manque-t-il ? vous, mon bon père, vous et toute ma famille oh voilà ce qui me manque et que je brûle de revoir. Comme il fera bon nous embrasser dans huit mois d’ici ! Pendant que j’écris, minuit approche, je ne saurai bientôt plus si c’est le bonjour ou le bonsoir qu’il vous faut dire. Que voulez-vous ! quand le cœur et la main sont en train, comment les arrêter ?
Adieu, mon père.
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Le séjour d’Ozanam chez M. Ampère fut un bienfait inestimable ; il dura dix-huit mois, pendant que Jean-Jacques Ampère, dont il occupait la chambre, étudiait dans les universités allemandes. Bientôt il s’établit une grande intimité entre le savant illustre et le jeune étudiant, qu’il consultait sur sa classification des sciences et ses vers latins. Il reste dans les papiers d’Ozanam de grands tableaux, où il a écrit au revers. « Ces tableaux ont été remplis en partie par M. Ampère (le père), en partie par moi sous sa dictée. Ils me sont « précieux comme un souvenir du temps que j’ai passé près « de ce grand homme. »
Voici en quels termes affectueux et pressants André-Marie Ampère conviait son jeune ami à venir travailler avec lui :