Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/71

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tions, des absurdités, des aveux involontaires, lui échappent. Dernièrement il osait soutenir qu’il était faux qu’il y eût des justes malheureux et des méchants épargnés dans ce monde. Hier, il confessait que les besoins intellectuels sont immenses ; que la science, loin de les combler, ne sert qu’à en faire voir toute l’étendue et conduit l’homme au désespoir, en lui montrant l’impossibilité d’arriver à la perfection. Il confessait que les connaissances matérielles ne suffisent point à notre esprit, et qu’après les avoir épuisées, il éprouvait un grand vide et se trouvait invinciblement poussé à chercher des lumières surnaturelles. Il reconnaissait enfin qu’il faudrait à la raison un haut degré de développement pour qu’elle pût devenir la base de notre conduite morale. Tu vois que de ces trois faits résulte évidemment la nécessité d’une révélation.

Mon cher ami. ils font peine, ces philosophes du rationalisme ! Si tu savais combien grand est leur orgueil, quelle haute idée ils ont d’eux-mêmes, quel mépris pour les autres, quel amour-propre anime leurs paroles et leurs écrits ! si tu les voyais briguer les applaudissements de la jeunesse qui les écoute, et au milieu de leurs forfanteries, reconnaître à chaque instant leur faiblesse et proclamer le désespoir qui les ronge : le désespoir ! Si tu entendais leurs attaques contre le christianisme servilement renouvelées des vieilles déclamations voltairiennes et leurs propositions extravagantes ; si