Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si je croyais que cela pût t’intéresser, je te ferais confidence de ceux de mes travaux actuels qui sortent de la sphère jurisprudentielle. Je m’occupe d’esquisser à grands traits un tableau que je me propose de peindre un jour ; métaphore à part, je fais pour la conférence une histoire abrégée des idées religieuses dans l’antiquité, et déjà la Chine et l’Inde m’ont passé par les mains. Je découvre de temps à autre des mines immenses, qui pourront être exploitées plus tard, et cette érudition, quelque mince qu’elle soit, m’est d’une grande utilité pour réformer mes idées générales. Au reste, le résultat est toujours le même ; toujours, après avoir traversé l’avenue du Sphinx, après avoir parcouru le long labyrinthe des mythes et des allégories, l’œil découvre au fond du sanctuaire le génie mystérieux du genre humain, qui est la parole divine.

Le plaisir me donne assez courage pour ces sortes de recherches ; mais, lorsque je dois écrire ma pensée, rédiger mes sentiments, un grand découragement me saisit.

Voilà, mon ami, où j’en suis avec moi-même ; de bonne humeur du reste, et de santé chancelante. Souvent je me gronde, je me boude ; mais toujours je finis par faire la paix avec mon vénérable individu, quoique ce soit un triste sire ; j’espère cependant mieux faire ; en redoublant d’efforts, je mériterai le succès, et mon amitié