Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/189

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lerinages chez les bons Arméniens de Saint-Lazare, qui font si bien les honneurs de leur petit couvent aux briques rouges et aux riants jardins, aux îles de Murano et deTorcello, où d’antiques sanctuaires survivent encore à une prospérité qui n’est plus ! On dit que dans la basilique de l’Assomption de Torcello, l’évêque qui siégeait sur le trône épiscopal entouré de six rangs de prêtres et de diacres assis sur les bancs de pierre, comptait sous son autorité quatre cent mille diocésains : Aujourd’hui le prêtre qui garde ces ruines a un troupeau de quinze ou vingt familles. Cependant ces jouissances étaient mêlées de bien des tristesses. Je voyais dans une des salles du palais les figures allégoriques de Véronèse représentant tout ce qui fut la puissance de Venise avec des devises fastueuses la foi, numquam derelicta ; la justice et la force, etc., fundamentum reipublicae, custodes libertatis  ; la marine, robur imperii ; et cette liberté avait été bien mal gardée, cet empire bien mal soutenu. Dans la salle du grand Conseil, la suite des portraits des doges, et après le dernier la place restée vide pour les doges qui devaient suivre. Sur la place, les trois mâts dépouillés des bannières des trois royaumes qui faisaient jadis la gloire de la république, et sur la piazzetta, les canons autrichiens et les grenadiers hongrois qui les gardent.

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