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SAINT-GALL
2 juin 1847.

J’approchais avec émotion de ce pays de Saint-Gall, qui fut longtemps le foyer de la civilisation chrétienne pour l’Allemagne. Le lac de Constance s’étendait devant nous avec ses rives doucement inclinées, sans bornes comme la mer, et brumeux comme la mer du Nord. On apercevait Arbon et Bregentz, ces deux stations du pèlerinage de saint Colomban. A Rohrschach nous -nous enfonçâmes dans la vallée où coule la Steinach :ces lieux n’ont plus, comme au temps de saint Gall, un aspect sévère et menaçant. La pente n’est point rapide, les hautes montagnes ne paraissent pas encore, le pays tient moins de la Suisse que de la Souabe ; et je comprends pourquoi ce fut de ce côté que s’étendit principalement l’influence de la puissante abbaye. Dans l’endroit le plus élevé de la vallée, à 2,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, est la petite plaine où le- saint construisit sa cellule. Tout auprès, un ruisseau tombe en cascade. A l’orient, la vue s’étend jusqu’au lac, a l’occident, la vallée s’abaisse de nouveau, et s’en--