Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je ne suis pas insensible aux souffrances de mon temps, et si je me fatigue bientôt des controverses qui agitent Paris, je suis déchire du spectacle de la misère qui le dévore. La Société de Saint Vincent de Paul trouve là de grandes obligations, et peut-être Dieu ne lui avait-il ménagé des progrès si rapides que pour la mettre au niveau de la tâche qu’il lui préparait. Du reste, il est bon de voir chez eux, de voir désarmés, entourés de leurs femmes et de leurs enfants, ces pauvres gens qu’on a trop vus au club et aux barricades. On reconnaît alors avec étonnement tout ce qu’il y a encore de christianisme dans ce peuple, par conséquent tout ce qu’il y a de ressources. Ah ! si nous avions des saints ! Mais pouvons-nous douter que Dieu n’en réserve quelques-uns au siècle à qui il a donné Pie IX et l’archevêque de Paris ?

Prions donc et ne croyons pas que la fin de la France soit venue. Car à l’heure présente, la fin de la France serait-celle du monde. Et en effet, quel est le coin de la terre, quel est le peuple qui ne soit aussi malade que nous ? Et pouvons-nous croire cependant que les destinées temporelles du christianisme soient à leur terme, et que Dieu n’ait plus rien à faire de ce monde qu’à le juger ? C’est ce que disaient les légitimistes de 1850, c’est ce que vous et vos amis vous nous appreniez à ne pas dire, c’est ce que j’espère ne dire jamais, quand je