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LI
À M. CHARLES OZANAM.
Saint-Gildas , 3 septembre 1850.

Mon cher frère,

Si je n’écoutais que mon coeur, je t’écrirais tous les jours. Je ressens tout l’ennui de ta solitude, et la tristesse de rester à Paris, dans un moment où chacun le quitte comme une ville empestée. Cette mélancolie qui te tourmente est une maladie que je connais trop pour ne pas la plaindre, pour ne pas t’aider. à la combattre car elle a ce danger, qu’elle plaît en même temps qu’elle énerve, et qu’elle épuise tes forces morales.. Je ne suis pas mécontent de ma santé au contraire, depuis que je vis au grand air, et je le dis à ma honte, dans une entière oisiveté ,je me trouve infiniment mieux. Enfin Dieu soit loué, lors même qu’il me donnerait seulement un moment d’interruption pour ménager ma faiblesse, et me préparer à souffrir plus chrétiennement !