Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Prosper Dugas voudra bien se charger d’un exemplaire de mon Discours d'ouverture de cette année, où vous verrez que je n’ai pas ménagé à mes auditeurs les vérités sévères et les études arides. Mais encore une fois dans ces rigueurs même et ces aridités de la foi, je ne puis m’empêcher de trouver assez de traits sublimes pour ravir les esprits. Que si je crois utile de montrer la religion souverainement belle, et de faire désirer aux hommes qu’elle soit vraie avant de leur prouver qu’elle l’est réellement, je n’ai point l’honneur d’avoir proposé le premier cette méthode : c’est celle de Pascal ; et lui même traçait ainsi le plan de la démonstration chrétienne qu’il avait conçue et que sa mort nous a ravie. Adieu, cher ami, je vous écris fort à la hâte et en désordre sur le tapis vert de la Sorbonne, entre deux examens et au milieu d’une foule de bacheliers qui déraisonnent. Ils me font perdre la tête, mais non pas le cœur qui est toujours tout à vous.

P. S. Soyez persuadé, mon bien cher ami, que vous me rendrez toujours service en vous déchargeant le cœur avec moi. Car, de deux choses l’une ou vos craintes seront mal fondées, et vous m’aurez obligé en me donnant l’occasion de dissiper vos ombrages ou vous aurez raison, ce qui arrivera le plus souvent et vos avertissements pourront m’épargner bien des fautes. J’ai toujours été frappé de cette parole de David qui demande à Dieu « de le corriger par la voix d’un ami. »