Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/294

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couchant faisait resplendir de loin la statue de Notre-Dame et dessinait tous les agrès du vaisseau votif. Par-dessus tout, planant le chant des litanies, et la-foi d’une population qui ne connaît pas le doute ; et la prière du jeune sous-diacre qui faisait te sacrifice de sa vie comment Dieu ne serait-il pas touché d’un tel spectacle ? et nous, comment nous défendre d’en être émus ? L’heure du retour est arrivée ; de tous côtés des barques se détachent pour emporter les bonnes gens venus à la fête des rivages voisins. Nous avons fait comme eux, et je ne puis encore dire toute la sérénité de ces premiers moments du soir, la beauté de cette nappe d’eau bleue comme le lac de Genève, les volées de goëlands qui semblaient s’échapper de la crête des vagues pour fuir devant nous ;cependant nous étions assis au pied de notre mat, abrités par notre voile pittoresque, nos enfants dans nos jambes pour retenir la témérité de leurs jeux ; et tout en causant doucement, nous arrivions à la plage du château, sans avoir été gagnés par le mal de mer, ni par le premier froid de la nuit. Ce jour a encore été un jour béni, sans mélange d’accident ni de tristesse ; car la seule que nous aurions pu ressentir, celle d’être loin de vous, était tempérée par la consolation de nous être unis à vous le matin à la sainte table.

Amélie se charge de vous raconter un autre plaisir que M. de Francheville nous a donné hier,