Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/297

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et qui a toute l’originalité d’un village de Suisse, avec les Alpes de moins dans le fond du tableau. Débarqués là de bonne heure, nous avions le temps de pousser le soir même jusqu’à Sainte-Anne, une grosse lieue plus loin. Nous avons donc vu ce pèlerinage national des Bretons sa petite église bien humble, mais bien ornée ; par derrière un beau cloître du dix-septième siècle ; au-devant, une vaste cour avec une Scala Sancta de chaque côté de la porte principale, surmontée d’un grand balcon, où l’on dit la messe le jour de sainte Anne aux pèlerins agenouillés en plein air. Il était tard, et jour de semaine ; et cependant, en moins d’une heure, nous avons vu. plusieurs bandes de pèlerins venir se laver les mains à une fontaine dont les eaux passent pour sacrées, puis, les uns faire à genoux le tour de la chapelle, les autres le chemin de la croix dans le cloître voisin tous enfin prier avec ferveur devant l’image miraculeuse de sainte Anne, trouvée il ’y a deux cents ans en ce même lieu par le laboureur Nicolazic. C’est l’origine de cette dévotion, et il ne lui a pas fallu plus de deux siècles pour s’acclimater chez un peuple croyant. Nous étions heureux de nous mettre à genoux au milieu de ces bons paysans si pleins de foi et si recueillis. Nous y avons prié avec plus de ferveur qu’à l’ordinaire, soutenus et. comme soulevés par tant de prières meilleures que les nôtres nous n’y avons pas oublié nos chers absents, et j’ai mis