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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

si heureuse expérience de la, céleste sollicitude qui veille sur nous !

En ce moment, je suis un peu.las de mes études et de mes efforts de l’année. Ce n’est qu’en unissant mon cours, que l’intérêt sérieux du sujet s’est nettement précisé pour moi. Il s’agit de montrer que l’Allemagne est redevable de’son génie et de sa civilisation tout entière, à l’éducation chrétienne qui lui fut donnée que sa grandeur fut en proportion de son union avec la chrétienté ; qu’elle n’eut de puissance, de lumières, de poésie, que par une communication fraternelle avec les autres nations européennes. Que pour elle, comme pour tous, il n’y eut, il n’y aura de véritables destinées que par l’unité romaine, dépositaire de toutes les traditions temporellesde l’humanité, commodes desseins éternels de la Providence. Tout ceci semble simple, naturel et d’une vérité triviale de ce côté du Rhin. Mais de l’autre côté l’orgueil national se complaît dans le rêve d’une civilisation autochtone, dont le christianisme les aurait fait déchoir ; d’une littérature qui, sans le contact latin, se serait développée avec une splendeur sans exemple d’un avenir enfin qui sera magnifique si l’on se retrempe dans un teutonisme sans mélange. Le type germanique n’est plus Charlemagne, c’est Arminius. Ces doctrines se reproduisent sous des formes différentes, à travers les différentes écoles philosophiques ; historiques, littéraires, de Hegel à Goethe,