Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tonnerai pas si une fois à la mer elles se laissaient emporter à la dérive jusqu’à la pointe du Raz, tant votre Bretagne les ensorcelle et les attire. Tout de bon, cher ami, les plaisirs de Dieppe ne valent pas les souvenirs du Finistère, et si je me laisse entraîner jusqu’à Londres, ce sera par devoir de conscience seulement pour connaître un pays qu’il ne m’est pas permis d’ignorer. Du reste, vos Bardes ont encore attise les vieux ressentiments que je nourrissais déjà contre le perfide Saxon, et je ne vais qu’avec déplaisir dans un pays où je verrai tant d’Anglais. Que bien plus volontiers je retournerais aux bords hospitaliers de l’Isole et de l’Ellé. Surtout quand je songe que la fin de septembre ramènera les luttes de Pont-Aven, et que je vois les petits-maîtres du lieu, dans cette posture que vous savez ; la main sur la ceinture du vêtement nécessaire ! Croyez-vous que toute l’exhibition vaille pour moi le pèlerinage de madame sainte Barbe, ou le jubé de saint Fiacre ? Enfin, on prétend que le professeur de littérature étrangère manquerait à ses obligations s’il ne saisissait pas l’occasion d’aller saluer à si peu de frais la patrie de Shakespeare. J’obéis donc et me laisse entraîner par Ampère il est vrai que, s’il voulait me lire une autre Hilda[1], je le suivrais ; je crois, au bout du monde.

  1. Hilda ou le Christianisme au cinquième siècle , publiée l’année suivante dans le Revue des Deux Mondes, 1° juillet et 1° août 1852.