Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/377

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mille catholiques : trop nombreux pour s’enfermer dans les murs d’une chapelle, ils s’étaient réunis en plein air, le soir, aux flambeaux, autour des bannières du Sauveur et de la sainte Vierge. Ils étaient ravis d’entendre les discours de leur évêque et les chants de leurs enfants, à qui l’on avait appris les hymnes convenables pour la solennité. Mais je sais aussi quelle fut la colère du protestantisme contre ces joies des pauvres et avec quelle violence ses journaux injurièrent l’Évêque des mendiants. C’est la seconde douleur de celui qui visite Londres avec une autre curiosité que celle de la foule, avec quelque souci des intérêts de Dieu et de l’humanité. On ne peut nier les qualités du peuple anglais. Il a le respect de la ici et l’amour de son pays, il est infatigable au travail, il semble même religieux si l’on en juge par le grand nombre des clochers qui dominent Londres et mieux encore par ce repos du dimanche si exactement observé d’un bout à l’autre du pays le plus laborieux de l’univers, Mais je crains que de beaucoup d’entre eux Dieu puisse dire ce qu’il disait des Juifs « Ce peuple m’honore des lèvres.» Je reconnais la bonne foi d’un grand nombre d’ignorants, mais je crains bien de trouver chez ceux qui conduisent la multitude, l’orgueil pharisaïque, les haines de sectes rien de l’humilité, de l’oubli de soi-même, de l’amour enfin, qui constituent le fond même de la religion. Je ne veux pas en donner les preuves qu’a