Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/455

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comme des églises, qui se groupent tout autour, et qui se peuplent d’autels, de retables et de tombeaux ? Tout l’éclat de la renaissance est dans cette chapelle du Connétable, brillante, riche, ingénieuse, maniérée quelquefois, religieuse toujours, comme le génie espagnol. Mais, ce que vous n’avez peut-être point vu parce qu’il y faut tout un jour, c’est le monastère de Las Huelgas et la Chartreuse de Miraflores, qui sont comme le Saint-Denis et l’Escurial de la Vieille-Castille. A Las Huelgas, une grande et superbe basilique de la fin du douzième siècle, où l’austérité byzantine se mêle encore à la hardiesse élégante du style gothique là les sépultures de cinq rois, de six reines, de dix-neuf infants ou infantes ; là les souvenirs d’Alfonse le Noble, de saint Ferdinand, d’Alfonse le Sage, couronnés ou armés chevaliers sous ces voûtes ; là l’étendard des Maures pris à las Navas de Tolosa et encore porté processionnellement au jour anniversaire de cette

victoire. La Chartreuse de Miraflores, achevée par Isabelle la Catholique, n’est elle-même qu’un grand mausolée élevé à la mémoire de Juan II, de sa femme et de son fils. Au dehors, l’église a toute la forme d’un catafalque flanqué de candélabres funèbres ; au dedans, elle a toute la splendeur des espérances chrétiennes la pensée de l’immortalité bienheureuse y rayonne avec les faisceaux de pierre travaillée à jour qui jaillissent le long de