Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/456

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l’abside, qui pendent en festons charmants au-dessus du sanctuaire. Le retable est doré du premier or que Christophe Colomb rapporta d’Amérique. Le ciseau le plus exquis a travaillé les boiseries du chœur. C’est au milieu de ces richesses que reposent le roi Jean II et sa femme, leurs statues colossales d’albâtre couchées sur un soubassement octogone ; les têtes sont belles, l’attitude calme et chaste, les costumes chargés d’ornements. Mais le soubassement est lui-même tout un monde, tout un monde de statues, de statuettes, de figures, de figurines, assises, sur des trônes, enfoncées dans des niches, voilées sous des feuillages. Il y a des anges, des saints, huit personnages de-l’Ancien. Testament, sept figures allégoriques de vertus, un nombre infini de moines priant sous leurs capuchons, de docteurs méditant sous leurs manteaux, il y a des enfants jouant de la cornemuse ou folâtrant avec de jeunes animaux, il y a tout ce qu’on a pu réunir de sacré, de pur, d’innocent pour soutenir le poids de ce roi et de cette reine qui furent chrétiens, mais qui furent pécheurs, qui ont besoin d’être entourés, défendus devant Dieu, pour qui les chartreux psalmodient jour et nuit dans leurs stalles, et pour qui tout ce peuple de pierre semble intercéder dans son silence. La grande Isabelle avait élevé ce monument à ses parents, elle n’a pas oublié non plus son jeune frère dont le tombeau plus simple a peut-être plus de grâce et de correc-