Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/527

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans ses plis. Assurément en serrant la main à ce pauvre G. je craignais bien de ne plus le revoir ; mais je n’aurais pas cru que la mort eût frappé sitôt. Sa tristesse résignée, l’air de souffrance, mais de souffrance patiente et religieuse répandue sur toute sa personne, m’attachait beaucoup j’admirais, dans un état si fâcheux, son zèle, son activité pour le bien. Il a été appelé à l’improviste, mais ne disons pas qu’il n’était pas préparé. Car quelle meilleure préparation qu’une longue maladie et beaucoup de bonnes œuvres ? Pour moi, quand je vois des chrétiens éprouvés par ces maux lents et cruels, je me figure des âmes qui font leur purgatoire en ce monde, et qui ont droit à la pitié respectueuse que nous devons aux justes de l’Église souffrante. Ah si Dieu veut accepter pour l’expiation de leurs péchés ces peines supportées ici-bas, qu’ils sont heureux de s’être purifiés à ce prix, par des douleurs infiniment au-dessous de celles de l’autre vie, au milieu des consolations de la religion, de l’amitié, de la famille auprès d’une femme qui s’épuise de tendresse et de bons soins, avec de joyeux enfants qui ramèneraient le sourire sur les lèvres les plus désolées ! Souffrir ainsi deux ans, dix ans même, et ensuite entrer de plein pied dans la paix du ciel, ne serait-ce pas la plus heureuse destinée ? Et combien n’est-elle pas enviée peut-être par ces autres chrétiens qui nous ont semblé plus favorisés, qui ont eu dans ce monde la