Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/528

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santé, la joie, et qui satisfont maintenant la justice divine par des angoisses inouïes !

Dites bien à M. S. quelle part je prends à sa perte. Je ne suis pas de ceux qui croient qu’on pleure moins une mère, quand on a le bonheur de la garder longtemps. Et vous, pauvre ami, vous ne quitterez donc jamais le deuil ? vous faites bien de le faire porter en blanc par votre petite Marie. Il serait trop triste de voir cette joyeuse enfant garder toujours les livrées de la douleur. Pour nous, cher ami, nous avons bien nos ennuis. Je me suis trouvé tout à coup très-fatigué, dans un extrême accablement. C’est alors qu’il a fallu renoncer au voyage de Rome et s’occuper d’un traitement énergique. Mais pour hâter ma guérison il aurait fallu un séjour sec et chaud, c’était le premier article de l’ordonnance des médecins. Or, pendant deux mois, nous avons été noyés des torrents d’une pluie éternelle. Je ne sais si Bayonne a échappé ; mais toute l’Italie, Nice, Pise, Rome, Naples, se sont vus enveloppés sous le tourbillon humide et les pauvres malades qui venaient chercher la santé dans ces climats privilégiés, n’y ont trouvé qu’un temps capable d’affaiblir et d’énerver les mieux portants. Grâces à Dieu, depuis Pâques le ciel semble reprendre sa sérénité nous avons de beaux jours et j’en profite pour prendre des bains d’air et de soleil. Du reste, vous pouvez être tranquille sur les soins qu’on me prodigue.